Från Ivan Aguéli till Marie Huot, september 1903, delvis översatt
1912-05-31 Salaposten, avskrift
Från Ivan Aguéli till Marie Huot, mars 1899, översättning
Från Ivan Aguéli till Carl WIlhelmson, augusti 1917, avskrift
Från Ivan Aguéli till Richard Bergh, december 1913, avskrift
Från Ivan Aguéli till Cherif Pascha, november 1910 franska, med översättning samt renskrivet
A Son Excellence
Monsieur le Général Chérif Pacha.
Si la chose n’était pas si urgente, nous aurions différé notre requête. Etant donné que nous ne sommes en aucun cas impliqués dans votre campagne, nous comprenons que la nouvelle situation en Turquie requière exclusivement votre attention. Mais, en l’occurrence, il ne s’agit ni de nous, ni d’intérêts personnels.
Il s’est formé à notre initiative un groupe islamique qui promet de devenir influent. Parmi eux dominent les intellectuels, dont certains sont bien connus. Il y a aussi des hommes politiques, dont quelques-uns sont députés. Il y en a, notamment, qui voudraient aller en Orient pour entreprendre l’étude de la Loi islamique, tandis que d’autres, plus tournés vers l’aspect extérieur des choses, plus pragmatiques, limitent leurs vœux aux réformes en faveur des Musulmans dans le cadre de l’Administration coloniale. Mais bien que constatant la présence d’éléments divers dans notre groupe, je m’abstiens de juger les consciences, car je me réjouis de tout rapprochement, important ou pas, que l’on puisse faire, sous quelque forme que ce soit, vers les conceptions islamiques. Toutefois, je perçois la nécessité absolue de créer dans l’immédiat un lien purement spirituel et intellectuel entre ces nouveaux amis de l’Islam, de façon à ce que les divergences d’opinion et d’intérêts ne portent jamais atteinte aux fondements de la Foi.
Il serait également tout à fait souhaitable d’avoir à notre disposition une publication indépendante de toute pression non-islamique, par exemple une revue, si modeste fût-elle, qui pourrait servir de bulletin périodique [de liaison] entre les membres du groupe, en même temps que d’organe de propagande et de défense de nos idées.
Nous nous en remettons, pour notre cause, à Votre Haute assistance. Pour ma part, je suis disposé à consacrer une partie de mon temps à cette entreprise, sans en attendre quelque avantage matériel que ce soit, sous quelque forme que ce soit. Mais étant donné que je n’ai aucune fortune personnelle, je suis incapable de contribuer aux frais d’impression, d’expédition et d’administration. Seriez-vous disposé à m’aider sur ce point précis ?
Je peux vous assurer qu’une action islamique à Paris, même si elle était exclusivement scientifique et intellectuelle, serait accueillie par les Musulmans pieux du monde entier avec une approbation sans réserve. Ils apporteraient l’aide de leurs prières en faveur de l’Etat ottoman qui aurait créé un « bastion » islamique dans le milieu européen.
Il va de soi que, si vous m’accordez votre bienveillant soutien, nous l’utiliserons avec la plus grande discrétion.
Au cas où il vous serait impossible de nous apporter une aide directe, pourriez-vous intéresser quelque Musulman influent à notre projet ?
Je dois ajouter que notre groupe ne doit pas être confondu avec la « Société des Arts musulmans » qui vient d’être fondée récemment. Cette association m’est infiniment sympathique, et nous ne devrions pas lui ménager notre soutien selon nos faibles possibilités, mais le but que nous poursuivons, nous, est bien plus vaste.
En espérant que vous prendrez en considération la demande de protection que nous vous adressons, je prie Votre Excellence d’agréer l’expression de ma profonde considération.
Ivan Aguéli.